Semi Marathon de Chartres
Petite escapade familiale
Petite course qui change des trails habituels. Faut dire que j'étais inscrit depuis presque 2 ans, mais les inondations et le covid auront eu raison de l'évènement à deux reprises. Finalement reporté en septembre 2021, il aura cette fois bien lieu.
Aucune pression ou quoi que ce soit cette fois, j'y vais très serein, le semi est plus un prétexte qu'autre chose, ça donne une raison supplémentaire de venir à Chartres et de voir un peu tout le monde. Parce que clairement faire 1000km pour faire l'aller retour Lyon/Chartres en un week-end en 307 sport triple porte, aussi luxueuse soit-elle, c'est un peu chiant.
Bref jour J, dimanche matin, je me lève prêt à faire mon entrainement habituel. J'ai prévu le coup j'ai déjà fait mes 65 kilomètres cette semaine, la course me permettra d'atteindre mes 80 hebdomadaires. Comme d'habitude, un petit Feed 2h avant la course. Cette fois ci, innovation je mets du lait de soja à la place de l'eau et c'était une très bonne idée. Ensuite direction la ligne de départ en footing très léger (~4km) pour un petit réveil musculaire tout en douceur.
Histoire de mettre un peu de piment à la course, je me mets quand même un objectif de temps. C'est tout trouvé, j'ai fait 1h29 à l'entrainement, officiellement j'ai mis 1h30'02" (petites pauses pour attendre le feu vert et boire). On m'a bien fait remarquer que je n'avais pas réellement passé la barre des 1h30, et ça a fait bobo à mon petit cœur, donc aujourd'hui je ferai 1h29 et ce sera officiel en plus. C'était quand même chaud, j'en avais marre à la fin mais j'avais tenu. Normalement, si je suis dans un bon jour ça devrait le faire. Je me dis que dans le pire des cas, 1h31 ça devrait passer si je ne suis pas bien, et allez, soyons fou peut-être 1h28 si je suis vraiment en forme.
Ma stratégie est très simple, et la voici: il y a des meneurs d'allure pour à peu près tous les temps de 2h15 jusqu'à 1h30. Parfait, c'est presque le temps que je veux faire et c'est donc "facile", je vais me caler derrière eux tout le long, et au 18ième je vais accélérer au mental pour gratouiller les secondes qu'il me faudra pour faire 1h29. Simple, efficace un plan qui s'annonce sans accrocs.
Sur le départ, je vois mon ancien "patron" (Djodjo comme on aime l'appeler) quand j'étais stagiaire chez Géant Casino en 2010, il n'a pas changé et c'est un passionné de course. Il est focus en train de s'échauffer et mon cousin qui le connait aussi très bien, m'annonce que j'ai un concurrent aujourd'hui. Tout intrigué je vais pour regarder un peu ses temps: Semi Marathon de Chartres 2019: 1h28. Là boom coup de pression. On charrie un peu sur le fait que j'ai pas le droit de "perdre" contre lui. Mine de rien, même si c'est pour rigoler, je cogite.
Il reste 5 minutes avant le départ, je suis les meneurs d'allure 1h30 pour me caler derrière eux. Et c'est simple, ils se placent tous devant la ligne de départ. Bon très bien, je vais pour me mettre derrière eux et d'un coup, je vois Djodjo arriver devant à son tour et se placer. Le dilemme: derrière qui je me place ? Qui suivre tel le prédateur sournois prêt à dépasser au dernier moment ? J'aviserai, je me place entre les deux.
Le départ est donné, et comme jamais rien ne se passe comme prévu, je passe immédiatement devant mes deux cibles, allure à 3:57min/km (très légèrement plus de 15km/h, l'allure 1h30 est de 4:15min/km). Pendant les 3/4 premiers kilomètres, je me dis que c'est un peu rapide, mais que au moins ça me permettra d'être en avance sur les meneurs d'allures de 1h30. Mais très vite je m'aperçoit que en fait je vais tenir ce rythme encore un moment. Je vais très bien, étonnement je tiens l'allure sans problème sans me mettre dans le rouge. Une horloge, j'enchaine avec une différence de temps de moins de 5 secondes entre les kilomètres, je suis étonné. Je n'ai jamais fait moins de 40 minutes au 10 kilomètres et plus j'avance, plus je me dis que je vais le faire. Le kilomètre 10 sonne, 39'20". J'ai du mal à réaliser, je viens de battre le record d'un pote sur 10 kilomètres, mais sur un semi.
Plus la course continue, plus j'ai du mal à réaliser. Je suis sur un allure de 1h24 et ça me parait surréaliste de tenir cette allure. Je me demande quand je vais exploser mais bon, en fait ça va. Au 11ième kilomètre il y a un ravitaillement liquide, je choppe un gobelet à l'arrache, bois une demi gorgée d'un verre d'eau que je me suis à moitié renversé sur la gueule. Impossible de m'arrêter, ce serait trop dur de repartir alors je conserve l'allure et je me paye le luxe de viser, et jeter le gobelet pile poil dans le poubelle.
Vers le kilomètre 15, je commence à me dire que je vais le faire sans vraiment réaliser. Les petits problèmes arrivent, j'ai un point de côté je sais pas trop ce que j'ai foutu, mais ça m'a posé problème, ça a fait accélérer mon rythme cardiaque et à rendu la fin de course un peu chaotique, mais rien d'alarmant. Également la soif qui a commencé à apparaitre au kilomètre 17, sans que ce soit vraiment hardcore à gérer. Léger coup de mou malgré tout à ce moment là, je dois un peu plus forcer pour garder l'allure. Mais à ce moment là j'ai quelqu'un qui m'encourage sur le côté et qui me dit "allez 34 !". Pendant 1 minute je réfléchis. 34... ? 1h34 ? Non quand même pas. Il pense que je suis un coureur du 10k et que je suis sur une allure 34 minutes ? Non c'est débile. Et je commence à lâcher l'affaire, j'ai pas compris ce qu'il voulait me dire mais bon tant pis. Et d'un coup. Bordel, je suis 34ième du semi ? Je suis 34ième sur plus de 1300 inscrits ??? (au final seulement 895 prendrons le départ) Et là j'ai le coup de boost qu'il me fallait, c'est complètement fou 34ième, alors je ne lâcherai RIEN.
Je continue ma course, on me dépasse, je dépasse. Et j'en ai rien à branler. Là tout ce que je me dis c'est que je suis déjà tellement loin de tout ce que j'avais imaginé que la course elle se joue entre moi vs le mental. Ne rien lâcher, c'est tout ce qui compte et si j'arrive à ne rien lâcher je serait ultra heureux du résultat.
Il reste moins d'un kilomètre, maintenant c'est sûr je vais le faire. J'ai envie de taper le sprint final. Non j'en ai pas la force. Et tant que je ne vois pas l'arche, j'arrive pas à taper le sprint. J'entends quelqu'un qui me colle au cul, j'entends ses pas lourds derrière moi j'entends même son souffle. Il reste 300 mètres, c'est bon je reconnais, je vois le dernier virage et je trouve la force, je lâche mon sprint jusqu'à la ligne d'arrivée. Je gueule comme d'hab, je ne réalise pas, je termine en 1h24'02", 34/895.
je passe la ligne, je m'appuis contre une rembarde. J'ai la tête qui tourne, j'attrape un verre d'eau sur le ravitaillement, ça fait une plombe qu'ils sont là prêts à être bus, à bouillir sous le soleil. L'eau est chaude. Un peu plus loin un autre stand propose du coca et du jus d'orange. J'y vais à moitié en titubant, j'ai envie de gerber, je suis à deux doigts mon sprint m'a mis dans le mal. Je m'allonge 5 minutes dans l'herbe pour récupérer. J'ai à ce moment là la personne qui me collait au cul (on la voit sur la photo d'arrivée) qui vient me voir et qui me dit "Merci, franchement tu m'as trop aidé à garder le rythme, je t'ai suivi grâce à toi j'ai pu taper le sprint sur la fin et tout c'était top". J'ai servi de lièvre, ça fait toujours plaisir.
Au final, extrêmement content de cette course qui s'est déroulée parfaitement. Sans aucune fausse modestie, à aucun moment je ne m'attendais à faire ce temps là. À aucun moment je ne me pensais capable de faire un tel temps, un tel classement. Très honnêtement ce que j'imaginais avant la course c'était réussir les 1h29, parce que l'ayant déjà fait, je savais que j'en étais capable. Je me suis dit que peut être si j'étais dans un très bon jour, je pouvais viser 1h28, ce serait vraiment top. La solution de replis acceptable c'était 1h31. Je me disais que même avec un coup de mou, pas bien, pas le bon jour ou quoi que ce soit, je pouvais au mental forcer pour tenir le 1h31, j'étais confiant là dessus. À aucun moment je n'ai ne serait-ce qu'envisager, ou même imaginé le 1h24. Faire 1h10 ou 1h24 c'était la même probabilité pour moi. Donc le faire c'est à la fois une énorme surprise, un énorme choc, ça fait plus de 24h j'ai pas tout à fait réalisé, une grande fierté et surtout, surtout beaucoup d'encouragements encore sur la suite des évènements. Je le dis à chaque fois, c'est toujours la même conclusion même en enchainant une course par mois mais l'entrainement paye, j'ai encore une fois l'impression d'être meilleurs qu'il y a un mois et ça me donne encore plus envie de me donner.
Ça peut paraître anodin un temps sur une course, mais moi qui m'investi beaucoup dedans, je vous assure que ça me parait dingue ce que j'ai fait et la progression que j'ai eu en si peu de temps. Le 8 mars 2020, suite à l'annulation du semi de Chartres donc, je faisais 1h39 au semi de Savigny-sur-Orge. 1 an et demi plus tard, je fais un temps que la plupart des gens que je connais ne font pas. J'ai même envie de dire que la plupart des gens ne font pas tout simplement.
Bonus de cette journée plutôt cool pour moi, c'est que ça a été une journée au final cool pour tout le monde. Tout le monde s'est dépassé, tout le monde a passé un super bon moment. Tout le monde a battu ses records et tout le monde est fier de sois.
- Amm, qui termine en 1h52'40 et qui bat son précédent record à Savigny avec un tems de 2h15 (de mémoire). Elle bosse du lundi au vendredi 9h à 23h et elle arrive encore à trouver le temps d'un peu s'entrainer et de battre son record. Je crois qu'en terme de rapport temps/entrainement, c'est la plus grosse perf de nous tous.
- Mon père, alias Christophe Marchand (ou l'inverse je sais plus) qui nous fait une course sans tomber, un exploit en soit, et qui pose un temps de référence en 2h07'41 pour son premier semi officiel, et sans marcher. Objectif réussi et de bonne augure pour le semi de Lyon le 3 octobre prochain (dans 3 semaines quoi). J'ai envie de croire au 1h59'59".
- Benjamin, qui prépare son semi depuis 2 ans maintenant, et qui le boucle pour sa première participation officielle en 2h25'26, un poil dans la souffrance mais mentalement sans jamais lâcher. T'as beau me dire que je suis fou de faire 2 fois ça pour un Marathon, moi je paris que t'en fera un plus vite que tu ne le crois.
- Anne-Louise, sur le 10k bouclé en 55'04 qui a eu le temps de terminer sa course et venir nous encourager et prendre des photos par la suite avec le petit cousin, c'était vraiment cool !
Je ne pensais pas faire un petit débrief sur le semi, encore une fois rien ne se passe comme prévu. Mais il y avait selon moi des choses à dire finalement. En théorie prochain débrief pour la SaintéLyon, mais qui sait, en fait il se passera peut être des choses le 3 octobre lors du run in Lyon qui mériteront un débrief ?
J'ai saigné des tétons pendant la course, ça me fait un mal de chien. Protégez vos tétons pendant les courses c'est important.